AUTHOR: Ion T. DRAGOMIR
A HALLSTATTIAN PLOUGHSHARE DISCOVERED IN THE SOUTHERN PART OF MOLDAVIA
Danubius, XVII, Galaţi, 1997, pp. 5-24.
UN FER À CHARRUE HALLSTATTIEN TROUVÉ DANS LA RÉGION MÉRIDIONALE DE LA MOLDAVIE
Résumé
Parmi les dernières trouvailles archéologiques dignes de figurer dans le répertoire des pièces composant le patrimoine culturel de la Roumanie, il faut compter aussi la pièce qui fait l’objet du présent exposé. Il s’agit d’un coutre trouvé dans la région méridionale de la Moldavie (département de Galaţi).
Plusieurs vestiges archéologiques, appartenant à des époques et des cultures matérielles antiques, remontant à la préhistoire, ont été récoltés en 1968, lors d’une prospection du terrain effectuée dans les limites du village de Pleşa (commune de Bereşti-Meria). Un coutre de cette série de documents archéologiques retient tout spécialement l’attention. C’est un fer à charrue hallstattien, trouvé au lieu-dit „Livada Fântâniţa”, situé au nord du village de Pleşa. L’objet est de forme presque rectangulaire, mais aux côtés légèrement courbes, ce qui lui confère un tranchant convexe. Deux petites protubérances latérales, de forme conique et disposées en asymétrie, servaient à le fixer sur le soc au moyen d’un anneau métallique. Toute la pièce mesure 0,180m en long x 0,050 m, avec une épaisseur de 0,005 m, et elle a été inventoriée sous le numéro 13881.
Cette sorte de coutre est caractéristique pour les ensembles archéologiques datés du premier âge du fer (Hallstatt, phases C et D). La pièce en question offre des grandes analogies avec cinq autres exemplaires récupérés dans différentes régions de la Roumanie et datés du même âge du fer, généralement connus par la littérature spécialisée. Il s’agit de la pièce de Cernatu en Transylvanie, des deux pièces de Valachie, trouvées l’une à Popeşti (département d’Ilfov) et l’autre à Ferigele (département de Vâlcea), et, enfin, des deux pièces de Moldavie, l’une de Trestiana, dans le proche voisinage de la ville de Bârlad (département de Vaslui), la seconde de Cotnari (département de Iaşi), provenant de la citadelle hallstattienne thraco-gétique de la colline de „Cătălina”, remontant aux IV-e – III-e siècles av.n.è.
Il est intéressant de noter la présence, sur le territoire des pays qui ont constitué l’Yougoslavie, au sud de la Save et du bassin danubien, des deux objets de fer similaires. Ces pièces ont été trouvées à Zlotska Pécina, localité qui se range dans la série des 40 stations archéologiques hallstattiennes se caractérisant par leur poterie noire et ornée de motifs en „S”, spécifique de la culture Basarabi-Bosut. Les deux objets en question sont dotés „d’ailerons” identiques à ceux mis au jour en Roumanie et décrits ci-dessus. On les a datés à la dernière partie du VIII-e – VI-e siècle av.n.è., datation qui coïncide parfaitement avec celle des exemplaires roumaines.
L’étude de ces lames de fer rectangulaires, dotées d’ailerons latéraux, symétriques ou asymétriques, nous incite à penser qu’elles étaient destinées à être fixées sur le soc en bois de la charrue, à l’aide d’un ou deux anneaux métalliques, qui leur assuraient une meilleure stabilité pendant le labour. Précisons que, pour notre part, ces objets de fer hallstattiens ont reçu un nom impropre; en effet, les spécialistes les appellent „haches à ailerons”. Il s’ensuit donc que les soi-disant „haches à ailerons” – pièces récemment entrées dans le répertoire des outils de fer – caractéristiques pour le Hallstatt, moyen et final, et contemporaines aux véritables haches hallstattiennes, confectionnées en bronze ou en fer et munies de trous d’emmanchement, ne sauraient être interprétées de manière, logique autrement que comme représentants de fers à charrue (coutres), fixés sur le soc grâce à un ou deux anneaux métalliques, selon la position de ailerons.
De toute façon, le coutre à charrue de Pleşa (département de Galaţi) représente, tant au point de vue typologique que sous le rapport fonctionnel, un nouveau type de fer à charrue, spécifique de la population autochtone, géto-dace, vivant dans l’espace carpato-danubiano-pontique. Il offre des traits typiques inédits, représentés par les deux dispositifs en forme d’ailerons coniques, servant à les fixer sur le soc. Leur intérêt est d’autant plus grand qu’ils précèdent de plusieurs siècles les fers à charrue généralement connus du second âge du fer (La Tène).