AUTHOR: ION T. DRAGOMIR
THE BI-RITUAL NECROPOLIS BELONGING TO SÂNTANA DE MUREŞ – CERNEAHOV CULTURE (IIITH-IVTH CENTURIES AD), FROM LUNCA, IN THE SOUTHERN PART OF MOLDAVIA
Danubius, XIX, Galaţi, 2001, pp. 5-193.
LA NÉCROPOLE BIRITUELLE DE SÂNTANA DE MUREŞ – CERNEAHOV, III-IV-ES SIÈCLES A. J. C., À LUNCA, AU SUD DE LA MOLDAVIE
Résumé
Il y a longtemps, plus précisément, l’été de 1962, à l’occasion d’importantes cueillettes (récoltes en surface), effectuées sur le territoire du département de Galati, notre attention a été retenue par les découvertes de la nécropole birituelle de Lunca, spécifique de la culture Sântana de Mureş – Cerneahov. La nécropole est située à l’extrémité nord du village Lunca, commune de Jorăşti, à 7 km au Nord de la ville de Bujor – Zărneşti, à l’endroit surnommé par les villageois « Le précipice des pots » ou « Le Précipice Grozeşti », sur la rive gauche du ruisseau de Covurlui. Là-bas, à cause de la pente abrupte, le terrain est en continuel éboulement et glissement, ce qui est dû à l’existence de sources vigoureuses et de torrents, lesquels agissent sans cesse sur le sol sableux. C’est là que, pour des raisons d’éboulement de la rive gauche du ruisseau, sont venus à la lumière bon nombre de matériaux archéologiques, surtout des os humains, vases divers et des fragments céramiques, objets romains en verre, toute une série de pièces d’ornement appartenant à la Culture Sântana de Mureş – Cerneahov.
A la suite de ces découvertes fortuites, le Musée régional d’Histoire Galaţi, avec la permission de l’Institut d’Archéologie de l’Académie Roumaine, a entrepris à Lunca des fouilles archéologiques de récupération, échelonnées en trois campagnes archéologiques, en 1963, 1965, 1967.
Les fouilles archéologiques de Lunca, ayant un évident caractère récupératoire, ont consisté à avoir tracé 16 sections, de diverses dimensions, aux longueurs variant entre 9, 30 m et 39 m ; larges de 2 m ; de 2,50 et 3 m ; sur celles-ci, 7 ont été orientées sur la direction Nord-Sud, et neuf ont été orientées sur la direction Est-Ouest, atteignant des profondeurs de 2,90 m, dans la couche de terre jaune. Les sections prévoient parfois des espaces libres de 2 m entre elles, autrefois ayant des bords tangeants.
Par diverses méthodes et procédés utilisés dans la technique d’exécution des fouilles, on a réussi à récupérer tout ce que l’on pouvait sauver sur l’inventaire de cette nécropole, dans la région affectée par la dégradation.
Il convient également de mentionner que, à cause de sections tracées à même les versants du précipice, exécutées en terrasses, celles-ci ont eu le don de contribuer amplement à la stagnation du procès d’éboulement des versants du « Précipice aux pots ».
Le bilan des fouilles archéologiques de Lunca, dressé en l’été 1967, le 30 août, indique le fait que les recherches ont été exécutées sur une surface de 909 m², avec un volume de 1492 m3 de terre excavée. Les fouilles se sont soldées par la découverte de 77 tombeaux, sur lequels 41 étaient d’incinération et 36 d’inhumation, ce qui ne constitue pas une garantie de ce que la nécropole a été intégralement étudiée. On en fait mention simplement parce qu’ une large partie de la surface de la nécropole a été détruite avant le début des fouilles.
A partir de l’exécution des 16 sections, ainsi que des cassettes ouvertes, nous avons réussi à couvrir entièrement tant le terrain dégradé de la nécropole, que la section de surfaces de terrain vierge, creusées au-delà des versants de ce précipice.
Compte tendu de ce que, sur les 77 tombeaux découverts dans la nécropole de Lunca, 55 ont été récupérés du terrain dégradé ( S I, II, III, V, VIII, IX, X, XIII et XIV), et le reste de 22 tombeaux, des sections extérieures au précipice, tracés en terrain vierge, lesquels ont pénétré en profondeur vers la zone périphérique de la nécropole (S IV, VI, VII, XI, XII, XV et XVI), dotés de dimensions de beaucoup supérieures aux autres, l’on peut apprécier que la zone centrale de la nécropole se trouvait dans le terrain dégradé, et au-delà des versants du précipice, là où les tombeaux sont beaucoup plus raréfiés, on se situe à la périphérie de la nécropole.
Quant à la façon dont sont disposés les tombeaux dans le plan général de la nécropole, nous ne pouvons pas nous prononcer avec précision, puisque le terrain est dégradé à cause du glissement. De toute façon, à y regarder de plus près, l’on peut observer un alignement sur plusieurs rangs, orientés sur la direction Nord-Sud, voire l’existence de deux groupes de tombeaux, rangés dans une forme ovale : l’un situé sur les trajets S I, II, III, et l’autre sur les trajets S V, IX, X, les deux localisés dans la zone centrale des sections. Les tombeaux présentent des espaces libres d’accès sur tout le territoire de la nécropole, ce qui dénote que, durant toute la période de son existence, ceux-ci avaient certains signes distinctifs, soit un tertre, une grosse pierre ou même plusieurs pierres. La présence de signes situés au-dessus des tombeaux a contribué à écarter leur intersection ou superposition, d’où l’on peut déduire qu’il y avait «un certain ordre dans l’installation et le plan des cimetières, comme dans la disposition / situation des tombeaux, en indiquant probablement l’existence d’une communauté de direction du culte et des rites funéraires».
A la différence d’autres nécropoles du type Sântana de Mureş – Cerneahov, sur le territoire de notre patrie, où les tombeaux d’inhumation occupent une place prépondérante, à Lunca le nombre des tombeaux d’incinération est supérieur (41) à ceux d’inhumation (36). A remarquer aussi que les tombeaux d’incinération sont présents dans toutes les sections intercalées parmi celles d’inhumation, d’où il résulte clairement que la pratique du rite de l’incinération a duré ici jusqu’à la période finale de cette nécropole.
En ce qui concerne la situation de l’orientation des tombeaux d’inhumation, ceux-ci avaient les squelettes disposés, généralement, sur la direction N-S, avec de petites déviations d’orientation vers le NNE – SSO, NNO – SSE, NO – SE et NE – S O. Dans un seul cas, en M 16, le squelette est orienté S – N. Sur les 36 tombeaux d’inhumation, 9 sont orientés N – S, M.1, 3, 5, 12, 16, 19, 23, 28, 30 ; 12 sont orientés NNE – SSO, M 10, 13, 15, 17, 18, 22, 26, 27, 29, 33, 34, 35 ; 4 orientés NNO – SSE : M 4, 7, 14, 31 ; un seul orienté NO – SE, M 2 ; un autre orienté NE – SO, M 9 et le reste des autres tombeaux, au total 9 : M 6, 8, 11, 20, 21, 24, 25, 32 et 36, appartenant à des enfants dont les squelettes sont presque complètement décomposés, on n’a pas pu en déterminer exactement la position et l’orientation de l’inhumation. D’après la forme des trous des tombeaux, et d’après la façon dont les vases y étaient disposés, ceux-ci pourraient être orientés à peu près N – S. Les trous des tombeaux sont exclusivement de forme rectangulaire, aux coins arrondis. Un seul trou : M 31, est doté d’un soubassement en terre nettoyée, située au chevet du défunt, afin d’y déposer les vases d’offrande.
La stratigraphie est on ne peut plus simple. Le terrain de la nécropole présente en surface une couche de terre jaune déposée, aluvionnaire, qui varie entre 0,25 m et 0, 70 m de grosseur. En dessous, il y a une couche de terre noire sableuse, le sol végétal de 0,70 – 0,80 m de grosseur. A la base de cette couche, a pénétré la plupart des trous des tombeaux d’incinération, voire des tombeaux d’inhumation – on se réfère à ceux pour enfants, moins profonds. Il s’ensuit une couche de terre sableuse couleur du café, grosse de 0,40 – 0, 50 m. Celui-ci fut pénétré, dans une large mesure, par les trous des tombeaux d’inhumation et, très rarement, par ceux d’incinération.
La couche de terre jaune, avec des concrétions calcareuses, commence à environ – 1, 25 m à partir du niveau du sol actuel. Celui-ci fut perforé par la plupart des trous des tombeaux d’inhumations, les profondeurs atteignant souvent – 1, 60 m.
L’importance des fouilles archéologiques entreprises à Lunca, consiste en cela qu’ils ont abouti à la découverte d’un grand bûcher collectif d’incinération, situé dans la partie Nord de la nécropole, le seul de cette sorte dans l’aire de la culture de Sântana de Mureş – Cerneahov en Roumanie. D’une forme rectangulaire-ovalisée, le bûcher mesure 8 m de longueur sur 4 m de largeur, étant orienté N – E – S – O.
L’inventaire des tombeaux de Lunca est particulièrement riche et varié, composé d’objets d’usage commun, surtout de pots en argile cuite, travaillés main et à la roue : pots, bols, soupières, écuelles, assiettes, coupes, brocs, tasses, verres, amphores et amphorettes romaines, godets romains en verre, couteaux et alènes en fer et en bronze, trousses de fémures d’oiseaux, où l’on gardait les aiguilles à coudre, en bronze, rassades en argile cuite, briquets et silex, etc. Il y aussi pas mal d’objets de parure : fibules en bronze, du type des épingles de sûreté, et fermoirs, comme des fibules à demi-disque, en argent, peignes confectionnés en plaques de corne et d’os, enchâssés dans des rivets en bronze, au manche demi-circulaire ou au manche aux ailettes latérales, anneaux et boucles d’oreille en bronze, des boucles de ceinture ovales et circulaires, au corps grossi, ou de forme ovale et circulaire, en bronze, ainsi que des boucles de ceinture en fer taillées en arêtes/carnes, similaires à celles ovales et rectangulaires, pendentifs circulaires et applatis, en succin et en verre, pendentifs pyramidaux, en pointe de corne de cerf, embellis de cercles concentriques et de pendentifs en forme de petit seau, en bronze, divers types de rassades, en verre colorié, en succin, en cornaline, en calcédoine et d’une pâte blanche-jaunâtre, globulaires, tubulaires, discoïdales, facetées, étranglées ou jumelées, maillons en corne de cerf, aux bords extérieurs spongieux, coquilles, objets à caractère magico-religieux, ainsi que des squelettes d’ovins et de caprins jeunes et d’oiseau, ou d’autres restes en os d’animaux, déposés dans les tombeaux comme offrandes. Mais il y a aussi des tombeaux non dotés d’inventaire.
Compte tenu de la complexité des matériaux archéologiques, découverts dans la nécropole de Lunca, par comparaison non seulement aux autres nécropoles de la Moldavie et au-delà, mais sur tout le territoire de notre pays, nous permettent de préciser que la datation absolue de ces nécropoles est garantie par la présence des deux paires de fibules en argent, à demi-disque, découvertes en M 2 et M 31, d’inhumation, ainsi que par l’existence des brocs bi-tronconiques, à haut col, cylindrique et des peignes à manche arqué et aux ailes latérales droites, qui, dans leur totalité, représentent des éléments culturels tardifs de datation, pouvant atteindre le début du V-e siècle a. J.C.
Dans ce qui suit, l’on se propose de présenter la situation de ces tombeaux d’inhumation de Lunca, lesquels incluent dans leur inventaire des verres romains. De cette catégorie font partie : M 21, M 35 et un tombeau non-identifié, dont le verre a appartenu à la collection de l’instituteur Constantin Balaban, de Bereşti, lequel est entré, sur ces entrefaites, dans les collections du Musée départemental d’Histoire de Galaţi. Vu que ces godets romains en verre, présentés antérieurement, ont été découverts dans les tombeaux d’enfants d’inhumation : un de sexe masculin : M 21 et un autre de sexe féminin : M 35, il n’est pas exclu que le troisième verre ait appartenu toujours à un tombeau d’enfant. Le fait que ces godets en verre, identiques comme matériél, forme, dimension et décor, nous permettent d’admettre qu’ils proviennent des mêmes ateliers de verrerie romains, ayant de parfaites analogies avec nombre d’autres objets découverts dans les nécropoles et les sites Sântana de Mureş – Cerneahov. Il n’est pas exclu que de tels verres proviennent du terriroire de la Dacie ellemême. Cette affirmation est basée sur les intéressantes découvertes archéologiques de Tibiscum, où les fouilles ont fait venir à la lumière de nombreux témoignages concernant les ateliers de verrerie.
Outre la présence des trois godets romains en verre, déjà cités, il faut mentionner également que le verre a été découvert aussi dans toute une série de tombeaux d’incinération, référence étant faite surtout aux urnes no. 7, 11, 12, 23, 26 et 36, concrétisé sous la forme de petits fragments de verre vitrifiés, lesquels, pour sûr, avaient appartenu à des récipients de facture romaine, déposé sous forme d’offrande dans ces tombeaux.
Et pourtant, le plus grand nombre de fragments romains de verre a été découvert dans l’âtre du bûcher collectif d’incinération Sântana de Mureş – Cerneahov, à coup sûr, en même temps que d’autres matériaux archéologiques, comme les fragments céramiques, les vases romains étant majoritaires : les menus objets d’ornement, surtout les rassades en verre bleu, discoïdales et jumelées, celles facetées en cornaline, blanchâtres et mates, à cause du feu et, dans une moindre mesure, les pendentifs en pointes de corne de cerf, les boucles de ceintures en bronze et en fer, les anneaux en bronze, les clous en fer provenant des cercueils, certains morceaux de silex, et d’autres, lesquels ont été minutieusement recueillis dans l’âtre du bûcher.
A jeter un coup d’oeil rétrospectif sur tous les objets en verre découverts dans la nécropole de Lunca, auxquels il nous faut ajouter les plus de trois cent rassades et pendentifs en verre, cela va de soi que, quantitativement parlant, leur nombre est plutôt significatif.
Vu leur complexité, les objets en verre découverts dans la nécropole birituelle Sântana de Mureş – Cerneahov, à Lunca, respectivement, les trois godets romains en verre, les petits fragments de récipients romains en verre, vitrifiés, ainsi que les rassades en verre colorié, tout ceci, fonction du rite funéraire et du numéro d’immatriculation des tombeaux, sont groupés comme suit :
- dans treize tombeaux d’inhumation : 2, 9, 11-17, 21-22, 35 ; un tombeau nonidentifié ;
- dans six tombeaux d’incinération : 7, 11-12, 23, 26 et 36, y compris le bûcher collectif d’incinération. Sur les dix-neuf tombeaux détenteurs d’objets en verre, treize appartiennent à des adultes de sexe féminin : 8 inhumés et cinq incinérés, et le reste de six tombeaux appartiennent à des enfants : 5 inhumés et un incinéré.
Souhaitant présenter une corrélation des plus plausible entre les objets romains en verre, à Lunca, avec d’autres contemporains, découverts dans les territoires avoisinants, il s’en faut de toute une série de matériaux archéologiques similaires, ainsi que de méthodes statistiques efficientes, en vue de réaliser une chronologie viable sur les complexes funéraires dont nous nous occupons, dans le but, bien intentionné, de déceler, le plus exactement possible, la similitude entre les sources écrites antiques et celles archéologiques actuelles. Dans ce sens, il n’est pas superflu de montrer que la sève culturelle de la romanité de Luca, dont témoigne le grand nombre d’objets de provenance romaine, d’amphores, amphorettes, brocs et godets en verre, de rassades en verre, de boucles de ceinture et de couteaux, etc tirent leur origine dans le Sud romain de la Moldavie, dans les champs fortifiés et les sites civiles de Tirighina-Barboşi et Şendreni, ainsi qu’au Sud du Danube, sur le territoire de la Moesia Inferior, là où les preuves archéologiques romaines, caractéristiques des III-IV-es siècles n.è., abondent.
Quant à la datation chronologique de la nécropole birituelle de Lunca, il faut avoir en vue toute une série d’éléments culturels, échelonnés comparativement, ainsi que les rites et rituels funéraires, à même de pouvoir nous faciliter le décèlement exact au possible des différences chronologiques qui les séparent. Malgré l’absence d’observations stratigraphiques verticales, afin de pouvoir éliminer plus précisément les phases d’enterrement particulières, sur la base de la typologie céramique et de certains objets d’inventaire, comme les fibules, l’on peut présupposer l’existence de trois phases évolutives d’enterrement, datées III-IV-es siècles, jusqu’au début du V-e siècle n.è.
Compte tenu de l’étendue de la nécropole de Lunca et, plus spécialement, du riche et précieux matériel archéologique, résulté des 77 tombeaux : 41 d’incinération et 36 d’inhumation, on est en droit d’affirmer que celle-ci peut être considérée, pour le moment, la plus grande nécropole du type Sântana de Mureş des III-IV-es siècles n.è., étudiée à nos jours, découverte au Sud de la Moldavie.
A la lumière des nouvelles recherches archéologiques, l’aire de cette culture englobe presque tout le territoire de notre patrie, étant bien documentée en Moldavie, Valachie et en Transylvanie, même en Dobroudja – pour le moment, seulement à Piatra Frecăţei.
L’aire de la culture Sântana de Mureş – Cerneahov s’étend, également, au-delà des frontières Est et Nord de notre pays, étant marquée, tant sur le territoire de la République de Moldavie, sur le cours supérieur du Dniestr, que dans le bassin moyen du Dniepr, et les seuils de barrage du Dniepr, Volhinia, par les importants monuments archéologiques, connus dans la littérature de spécialité comme les monuments du type Cerneahov.
La nécropole de Lunca se range dans la grande catégorie des cimetières à caractère birituel du type Sântana de Mureş, lesquels sont plus largement répandus sur le territoire de notre pays, que ceux qui contiennent exclusivement des tombeaux d’inhumation. Elle est étroitement rattachée, par l’analogie, à celles d’Erbiceni et Pietriş-Bârlad, Oinac, Spanţov, Independenţa, Olteni, Izvorul, Gogoşari, Ţigăneşti,
Mitreni, Cetatea Veche, Coconi, Andolina, Vlad Ţepeş, Făcăeni, Herăşti, BucureştiMogoşoaia, Bucureşti, Dealul Piscului, Ploieşti-Triaj, Aldeni, Galbenu, Racoviţa, Geraseni, Bălteni, Radu Negru, Curcani, Alexandru Odobescu, Nicolae Bălcescu, Căscioarele, Dorobanţu, Florica, Rasa, Târgşor, Mogoşani, Palatca, Cacaleţi, Piatra Frecăţei, Deduleşti, Tufeşti et Tichileşti, Nichiteni, Izvoare, Leţcani, Miorcani, Sântana de Mureş, Târgu-Mureş.
D’autres analogies similaires se trouvent dans le voisinage immédiat de la nécropole de Lunca, à l’extrémité Sud de la colline Flămânda, sur la rive gauche du ruisseau Covurlui. Dans le fond, cette découverte représente l’âtre de la nécropole, lequel fut détruit par les travaux de terrassement faits pour la plantation de la vigne. De même, nous devons rappeler ici les découvertes de Târgu Bereşti, le point Bârzanu et ceux de Cavadineşti, le point Râpa Glodului, de Drăgăneşti-Tecuci et Valea SeacăBârlad, tous situés au Sud de la Moldavie.
A la différence des autres nécropoles qui font partie de la grande aire de rayonnement de la culture Sântana de Mureş – Cerneahov, la nécropole birituelle de Lunca présente de fortes affinités avec le monde sarmate, ce qui nous permet de considérer que, dans ce cadre, il y eut un vigoureux élément sarmate, illustré non seulement par le riche répertoire des objets d’ornement, mais aussi par des éléments suprastructuraux, documentés soit par la position recroquevillée des squelettes, soit par la pratique du feu purificateur dans le cadre de maint tombeaux d’inhumation.
Comme on l’a déjà vu, il n’y manque pas non plus les influences de la culture et de la civilisation romaine, représentées par les amphores et les amphorettes romaines, par les objets en verre, etc. Du reste, la population de cette région de la Moldavie entretenait des relations économico-culturelles directes, tant avec le monde romain ou romanisé des régions du Bas Danube, qu’avec les tribus sarmates, lesquelles ont traversé les champs et les vallées des rivières de l’actuel territoire du département Galati, surnommé, à juste titre, la porte d’entrée de tous les migrateurs dans leur ruée vers l’Ouest.
En même temps, il ne faut pas négliger l’influence de la culture gothique, laquelle est bien représentée par la présence de la céramique noire, travaillée au tour, ainsi que par l’habitude de porter deux fibules, initialement, par les seules tribus nordiques.
Une note particulièrement significative de la nécropole birituelle de Lunca este constituée par le nombre extrêmement grand d’objets découverts dans les tombeaux.
Cela nous permet d’en conclure à ce que les représentants de la culture Sântana de Mureş – Cerneahov « grâce à une base socio-économique solide, générée, en premier lieu, par le développement de l’agriculture et l’élevage du bétail », avaient une culture avancée, laquelle connut l’épanouissement pendant la seconde moitié du IV-e siècle n.è., bien que, historiquement, on se trouve au début de l’époque de la migration des peuples.
En ce qui concerne l’origine de la culture Sântana de Mures – Cerneahov, nous gardons notre point de vue, à savoir que, à sa formation, ont pleinement contribué les éléments de la culture autochtone géto-dace et carpès, plus spécialement, celles de culture provinciale romaine, avec les Sarmates et, certes, les Goths. En même temps que la formation définitive de la culture Sântana de Mureş – Cerneahov, ce furent les unions tribales dirigées par les Goths qui contribuèrent au rayonnement de la culture sur de larges espaces, puisque, à l’époque respective, ils représentaient l’autorité politique.
Quant à la fin de la culture Sântana de Mureş – Cerneahov, il faut retenir que cette culture prend fin à peu près vers 375-380, avec l’invasion des Huns, des preuves claires à l’appui de cette thèse provenant de la nécropole de Valea Seacă, département de Vaslui, laquelle dure jusque vers la fin du troisième quart du IV-e siècle.