AUTHOR: Ion T. DRAGOMIR
HALLSTATTIAN, THRACIAN, GETIC AND DACIAN EVIDENCES, FROM THE SOUTHERN PART OF MOLDAVIA
Danubius, XVI, Galaţi, 1996, pp. 329-352.
Abstract
The article presents a brief history of the Hallstattian communities in the Southern part of Moldavia, along with the main archaeological sites and discoveries pertaining to that period.
VESTIGES THRACO-GETO-DACES EN MOLDAVIE MÉRIDIONALE
Résumé
L’examen exhaustif des principaux facteurs de civilisation – économiques, sociaux et culturels – de la Moldavie méridionale, ou, pour plus de précision, du territoire départemental de Galaţi, permet l’affirmation catégorique qu’il s’agit d’une région d’incessant travail et de lutte millénaire pour le développement de la société humaine. D’innombrables stations et objectifs archéologiques jalonnent le département de Galaţi, comme autant de témoignages concrets de l’origine du peuple roumain, de son existence et de sa continuité en ces lieux.
Dans la mesure du possible, l’auteur se propose de procéder à une brève revue des documents archéologiques concernant le Hallstatt et mis au jour dans le sud de la Moldavie. Les recherches archéologiques, d’un côté, et les remarques stratigraphiques, d’un autre côté, celles de date plus récente de même que celles déjà anciennes, attestent pleinement que le phénomène historique de l’éclosion du Hallstatt dans cette région a connu un développement organique. D’essence autochtone, le Hallstatt devait évoluer en Moldavie méridionale à partir de certains éléments des cultures locales d’origine thrace, typiques du bronze final. Ce processus a eu lieu sous l’impulsion des quelques événements de caractère révolutionnaire et grâce aux échanges économiques et culturels avec l’humanité contemporaine des pays environnants.
L’étape initiale du Hallstatt, autrement dit ses phases A et B (vers 1200 -750 av. n. è.) se présente avec des profondes racines dans les milieux culturels autochtones de la phase finale du bronze dans la zone carpatodanubio-pontique – Monteoru, Noua et Coslogeni. Quant à leur aire de diffusion, la plupart des documents hallstattiens de Moldavie méridionale ont été mis au jour dans le bassin inférieur du Prut et du Siret, le plateau et la colline de Galaţi, les terres basses des abords du lac de Brateş, ainsi que celles des marais de Cătuşa et de Mălina, les vallées inondables des cours du Covurlui, de Chineja et de Horinca. Partout ou le terrain s’avérait propice à l’agriculture et à l’élevage, à la cueillette des plantes comestibles, à la chasse ou à la pèche – vallées inondables, buttes et coins de terre formant des citadelles naturelles – les autochtones thraco-géto-daces s’y sont fixés à demeure, pour profiter de ces moyens assurant leur existence.
La carte du répertoire archéologique du département de Galaţi relève une distribution harmonieuse des vestiges hallstattiens – fait digne d’être souligné. Par exemple, à Stoicani, les fouilles de Cetăţuia, généralement connues par la littérature spécialisée, ont mis au jour une agglomération de l’étape initiale du Hallstatt et une nécropole à inhumation d’une phase ultérieure avec les squelettes disposés en position accroupie. Des documents hallstattiens analogues ont été trouvés également dans une agglomération située à proximité, à Tămăoani. Tout aussi éloquents sont les résultats des fouilles de Poiana, commune de Nicoreşti, de Cavadineşti, au lieu dit „Râpa Glodului”, et de Bereşti, au lieu dit „Bâzanu”, ou d’importantes stations hallstattiennes ont été amenées au jour.
Il convient de retenir aussi dans ce même ordre d’idées l’apport des sondages, ainsi que celui des trouvailles fortuites. A Şendreni, entre autres, sur la rive occidentale du marais de Mălina, on a trouvé une poterie du première âge du fer, alors qu’au lieu dit „La Maison de Secan”, situé sur la même rive, il y a une agglomération humaine de la même époque. Vis-à-vis de la gare de Barboşi, au lieu-dit „La Maison de Miron”, des vestiges céramiques identiques aux ceux déjà mentionnés ont été relevés. Une tombe à inhumation du premier âge du fer a été localisée dans les limites de la commune de Vânători et, aussi dans le territoire de cette commune, au lieu dit „La Jorică”, se trouvent les restes d’une agglomération de la même phase, présentant les traits typiques de la culture Babadag. Des traces des stations hallstattiennes de la première étape de cette époque ont été relevées aussi à Tuluceşti, Tătarca, Şiviţa, Brăhăşeşti, Mândreşti, Stieţeşti etc. Il convient également d’inclure dans le cadre de cette phase initiale du Hallstatt trois pièces de bronze isolées, à savoir deux poignards à douille de Şendreni et une pointe de sagaie trouvée à Şiviţa.
À propos du Hallstatt moyen (phase C, vers 750-600 av.n.è.) on est à même de préciser qu’à cette époque les sociétés humaines manifestent certains progrès d’ordre économique, social et culturel. La culture Basarabi, représentative pour le Hallstatt moyen, épanouie en Moldavie méridionale, devait naître des cultures autochtones développées par les Thraces de l’étape initiale du Hallstatt et notamment de la culture Babadag. Partant d’une remarque de caractère purement archéologique, c’est-à-dire du fait que la culture Basarabi coiffe le vaste espace détenu par les tribus autochtones des Géto-Daces, on est en droit de placer ces populations dès le VIII-e siècle av.n.é., date à laquelle se place toute la première phase du développement culturel et de la civilisation des ancêtres directs du peuple roumain. C’est à ce moment-là que se place l’entrée dans l’histoire de la patrie roumaine, de l’ethnie géto-dace, ayant pour berceau de sa civilisation l’espace carpatodanubio-pontique. En ce qui concerne les documents archéologiques appartenant à la culture Basarabi, en Moldavie méridionale, notons avant tout ceux de Poiana (commune de Nicoreşti), Lunca (commune de Jorăşti), la colline de Flămânda, sur le cours du Covurlui, Suceveni, avec le lieu dit „Stoborăni”, Ţigăneşti, la commune de Munteni.
Du fait d’un épanouissement exceptionnel des forces de production, grâce surtout à l’invention de l’outillage de fer, et aussi à la suite des certaines influences étrangères nanties d’un potentiel créatif, qui ont trouvé une libre voie vers le sud de la Moldavie, le développement des communautés tribales géto-daces se fera selon un rythme inégal d’une zone à l’autre, sur le parcours du Hallstatt final (phase D, vers 600-500 av.n.è.). Sous l’impulsion des civilisations scythique, grecque antique et des thraces d’origine sud-danubienne, la population locale de la Moldavie méridionale devait avancer rapidement vers la deuxième époque du fer, le La Tène, qui se place vers le milieu du V-e siècle av.n.è. Durant l’étape finale du Hallstatt, la culture Bârseşti allait rayonner en couvrant aussi bien le sud de la Moldavie que le nord de la Dobroudja. Cette culture est attestée par des nécropoles tumulaires et des tombes à incinération riches en équipement guerrier de fer. Les documents archéologiques spécifiques pour les VI-e – V-e siècles av.n.è. sont attestés dans maints endroits compris dans les limites du département de Galaţi. A retenir parmi ces documents les pointes de flèche en bronze, trouvées à Galaţi même (15 pièces dans la rue Traian, une autre dans la rue N. Bălcescu), la hache de fer bipenne de Şiviţa, le fer d’une charrue trouvé à Pleşa, doté des ailerons coniques destinés à le fixer sur le soc au moyen d’un bracelet. Ce genre de fer à charrue, avec les ailerons disposés de façon asymétrique, représentent, sous le rapport typologique et fonctionnel, le type le plus ancien, de facture autochtone, géto-dace, connu dans l’espace carpato-danubio-pontique. Ajoutons encore à cette série cinq pointes de sagaie, de fer: deux trouvées à Pleşa, une à Rogojeni, une autre à Puricani et la dernière conservée au Musée départemental d’histoire de Galaţi, d’origine inconnue. La présence de ces objets de bronze et de fer, d’époque hallstattienne, offre un argument concret en ce qui concerne l’influence de la culture scythique, originaire des steppes nord-pontiques, exercée sur la culture géto-dace.
Les trouvailles archéologiques faites au nord du Danube et surtout celles de Galaţi et de Barboşi, sont illustrées par la présence d’une poterie grecque antique, des VI-e – V-e siècles av.n.è. A Poiana, dans la vallée du Siret, on a récupéré une fibule hellénique du VI-e siècle av.n.è. De même, à Frumusiţa, dans la vallée du Prut inférieur, au lieu dit „Râpa lui Trandafir”, on a trouvé un très beau vase attique, recouvert d’un vernis noir caractéristique, ainsi que deux autres récipients de l’étape finale du Hallstatt. Cette sorte de trouvailles illustre les relations économiques et culturelles nouées entre les Grecs et les autochtones en ces temps-là. Toujours du Hallstatt final sont datées les deux grandes stations archéologiques situées l’une dans la terrasse qui domine le Siret, à Poiana, et l’autre dans les limites du village de Căuieşti, à environ 500 mètres SSE du village, dans la colline de „Cetăţuia”, point élevé sur une longueur de 150 mètres et orienté de l’est vers l’ouest.
A partir des résultats obtenus par les fouilles archéologiques jusqu’à présent, on est en mesure de démontrer la grande similarité en ce qui concerne la forme et la technologie des vestiges de cette époque – poterie, outils, objets cultuels, mobilier funéraire – récupérés dans les diverses provinces de la Roumanie, en Valachie et Moldavie, Olténia, Transylvanie, Maramureş, Banat et Dobroudja.
Cristallisées dans les VI-e – III-e siècles av.n.è., la civilisation des Géto-Daces arriva à son apogée sous les règnes des leurs deux grands rois, Burébista et Décébale, quand dans tout l’espace carpato-danubio-pontique il n’y était qu’une culture unique, unitaire au point de vue matériel et spirituel. La vaste unité géographique délimitée par les Carpates, le Danube et le littoral pontique a été habitée, dès le premier âge du fer (le Hallstatt), par des populations autochtones, thraco-géto-daces et géto-daces. C’étaient des populations cristallisées sous le rapport ethno-culturel, qui s’adonnaient aux mêmes activités, avec les mêmes coutumes et les mêmes croyances, parlant la même langue. La Dacie, nom sous lequel était connu le territoire habité par les Géto-Daces, coïncide en tout point avec l’aire peuplée et habitée depuis des millénaires jusqu’à nos jours par les Roumains et leurs ancêtres directs.
The article presents a brief history of the Hallstattian communities in the Southern part of Moldavia, along with the main archaeological sites and discoveries pertaining to that period.