CONSIDERAŢII GENERALE PRIVIND ASPECTUL CULTURAL STOICANI-ALDENI

AUTHOR: Ion T. DRAGOMIR

GENERAL REMARKS REGARDING THE CULTURAL ASPECT STOICANI-ALDENI

Danubius, VIII-IX, Galaţi, 1979, pp. 21-66.

CONSIDÉRATIONS D’ORDRE GÉNÉRAL CONCERNANT LE FACIÈS CULTUREL STOICANI-ALDENI

Résumé

La portée documentaire et scientifique de la présente contribution réside dans le fait que l’auteur tâche de préciser, se fondant sur toutes les dernières recherches archéologiques, la naissance et le développement du faciès culturel Stoicani-Aldeni. Par la localisation des trois étapes d’évolution, attestées sur le plan stratigraphique dans la totalité de son aire de diffusion, ce faciès se révèle, à tous les points de vue de la culture matérielle et spirituelle, comme un important maillon de la chaîne évolutive marquée par la société humaine dans l’espace carpato-danubien, vers la fin du néolithique moyen et la période initiale du néolithique final.
L’aspect culturel Stoicani-Aldeni, pour utiliser sa dénomination actuelle, se dessine sous le rapport structural non seulement par les éléments culturels essentiels des deux cultures interférentes — Gumelniţa A1 et Cucuteni A1 — mais aussi par ceux résultés de leur synthèse finale. Et, à l’extérieur de la zone d’interférences, il convient d’ajouter encore le jeu des influences exercées par les cultures du voisinage, en l’occurrence, la culture Petreşti, du sud-ouest de la Transylvanie, car celle-ci a véhiculé de son côté les éléments originaires des cultures plus éloignées, comme les cultures Tisa et Lengyel, sur le cours moyen du Danube. Ajoutons également encore la présence des certains éléments traditionnels, spécifiques des cultures Criş, de la céramique rubanée, Vinča et surtout Boian, Précucuteni, Hamangia, englobées dans les deux composantes
Gumelniţa A1 et Cucuteni A1. Pour sa part, le faciès culturel StoicaniAldeni devait tenir un rôle important pour le développement des étapes ultérieures des deux cultures composantes, transmettant aux phases Gumelniţa A1 et Cucuteni A2 les éléments morphologiques sédimentés durant la phase antérieure dans la zone d’interférence. L’aire de diffusion de ce faciès culturel englobe le nord-est de la Valachie, le sud de la Moldavie et celui de la R.S.S. Moldave et l’Ukraine. Il a été daté de la période initial du néolithique final, c’est-à-dire vers 3800—3600 av.n.è.
A la lumière des données scientifiques disponibles, et nous avons en vue notamment la poterie peinte en deux couleurs, on est à même d’argumenter mieux que jamais le fait qu’entre l’évolution de Précucuteni I—III et celle de Cucuteni A2—A3 il convient de présumer la présence d’un horizon de la poterie peinte en deux couleurs de Cucuteni — aux raies blanches sur fonds rouge, avant la cuisson. C’est par la filière de cet horizon stratigraphique que s’est effectuée, de manière logique et organique, l’évolution bicolore avec le blanc linéaire de la céramique Précucuteni III et Cucuteni A1 attestée pour la première fois uniquement, sans la moindre trichromie et tellement suggestive, par des témoignages stratigraphiques, dans le contexte de la III-e étape des sites du faciès Stoicani-Aldeni, à Băneasa, Suceveni, Dodeşti, Lişcoteanca III, Smulţi, Tămăşeni etc., au cours de son processus de développement vers la peinture cucuténienne en trois couleurs. La réalité naturelle de cet intervalle d’espace et de temps se trouve démontrée dans une égale mesure par les positions stratigraphiques, typologiques et chronologiques des pièces archéologiques Stoicani-Aldeni étudiées en rapport direct avec la culture Précucuteni III et avec les phases Gumelniţa A1 et Cucuteni A2. Nous estimons que l’interprétation de l’ensemble céramique du faciès Stoicani-Aldeni arrive à préciser de manière véridique l’existence de la céramique bicolore, peinte avec du blanc, de caractère Cucuteni A1 et de la rapporter à d’autres ensembles cucuténiens. Les transferts de formes et de motifs de la poterie Précucuteni III à la poterie Cucuteni A pourraient s’expliquer par deux voies. D’une part, nous avons affaire à la robustesse de la composante cucuténienne dans l’ensemble du faciès Stoicani-Aldeni et d’autre part, il y a la présence d’un horizon Cucuteni A1 dans l’aire purement cucuténienne, qui, hélas, n’a pas été encore dépisté. La céramique Stoicani-Aldeni applique la peinture bicolore avec du blanc dans le cadre des motifs alvéolé ou cannelé de la céramique précucuténienne, quelqu’en soit l’origine des formes céramiques, cucuténienne ou de Gumelniţa. De cette manière sont créées d’autres catégories et espèces de motifs ornementaux, caractéristiques pour leur bichromie du faciès Stoicani-Aldeni, qui seront, par la suite, transmis intégralement à la céramique bicolore Cucuteni A.
On ne saurait écarter complètement la possibilité que la peinture en blanc ait été adoptée par les porteurs du faciès culturel Stoicani-Aldeni de ceux de Gumelniţa A1 en remplaçant celle au graphite, d’une teinte peu expressive, avec de la peinture blanche, d’un plus grand raffinement artistique — phénomène perpétré à l’échelon de la phase Cucuteni A1. En tout cas, à notre avis, les possibilités de l’assimilation de la bichromie dans le contexte du faciès Stoicani-Aldeni ont du être multiples.
La période historique du développement de ce faciès culturel se caractérise par quelques grandes transformations socio-économiques et culturelles artistiques, sans cesse dynamisées par des réactions en chaîne, avec une multitude de valences d’accumulations et d’assimilations créatrices. Elles sont la conséquence naturelle du phénomène d’interférence entre les deux grandes composantes — Gumelniţa A1 et Cucuteni A1 — avec, en plus, l’apport de quelques autres éléments culturels plus anciens, hérités par tradition. A la suite des synthèses culturelles spécifiques des porteurs du faciès Stoicani-Aldeni, cristallisées dans des formes nouvelles d’un contour précis, ces dernières sont passées chez les communautés de la culture Cucuteni A2 – A3, donnant lieu à cette période d’épanouissement représentée par l’énéolithique final en Roumanie.

Download