AUTHOR: Ion T. DRAGOMIR
THE DANUBIAN KNIGHTS DISCOVERED IN THE ROMAN CASTLE FROM TIRIGHINA-BĂRBOŞI
Danubius, IV, Galaţi, 1970, pp. 123-134.
LES CAVALIERS DANUBIENS DU CASTELLUM ROMAIN DE TIRIGHINA — BĂRBOŞI
Résumé
La collection d’antiquités romaines du Musée d’histoire de Galati s’est enrichie, en 1962, d’une autre petite tablette votive, dédiée aux divinités guerrières et représentant les cavaliers danubiens.
Avant d’avoir été sculptée, la tablette semble avoir servi dans un but décoratif.
Ayant la forme d’une édicule à deux registres, le bas-relief est exécuté en marbre blanc, de bonne qualité, et a 0,160 m de d’hauteur, 0,185 m de largeur et 0,20 m d’épaisseur. La tablette a les motifs suivants (fig. 1):
a) À la partie supérieure du fronton se trouve l’aigle aux ailes éployées, en dessous duquel sont représentés cinq bustes d’homme; au milieu une triade symbolique, représentant une femme flanquée de deux hommes à sa gauche et à sa droite, les personnifications du Soleil et de la Lune.
b) Dans la zone centrale du second registre, apparaît une divinité féminine — la Grande Déesse — les bras étendus sous les naseaux de deux chevaux. Devant elle se trouve le trépied au poisson. À sa gauche et à sa droite sont représentés à cheval, en schéma héraldique, les cavaliers danubiens face à face. Ils sont vêtus de tuniques et de chlamydes flottant au vent; leurs têtes sont couvertes de bonnets de fourrure. Chacun des cavaliers est suivi d’un acolyte, probablement, à droite, Némésis, la main à la bouche; à gauche, un ״miles״ ou le dieu Mars(?), en uniforme romain. Étendus par terre, sous les sabots des chevaux, on voit deux hommes tombés prisonniers. Près de la tète de l’ennemi, du côté droit, on peut supposer la présence d’une tête de bélier.
Selon la manière dont il a été taillé cet ex-voto semble provenir d’un atelier artisanal d’une réelle compétence artistique. Il n’est pas exclu que l’objet soit de provenance locale puisqu’il s’agit d’une plaque de marbre retravaillée dans l’enceinte du castrum romain de TirighinaBărboşi.
Le bas-relief porte fidèlement l’empreinte chronologique de la fin du II-e siècle et du commencement du III-e, marquant ainsi le point maximum d’extension à l’est de l’aire de diffusion spécifique du culte des Cavaliers danubiens du bassin du Danube.
L’iconographie des Cavaliers danubiens à été l’oeuvre du syncrétisme religieux du temps de la domination romaine.
D’ailleurs, ce culte mystérieux, fondamentalement différent de celui des autres divinités contemporaines et inclus dans le panthéon romain a eu, au début, un caractère abstrait, immatériel et omniprésent, propre à la conception de la population autochtone géto-dace, dépourvue de représentations iconographiques, tout comme leur grand dieu Zamolxis. En conséquence, c’est ici, croyons-nous, aux bords du Danube, dans toute l’étendue de la Dacie, qu’il a son origine millénaire, peut-être même avant la domination romaine.
Le culte des Cavaliers danubiens de la station de Bărboşi-Galaţi peut être expliqué aussi par la présence particulièrement forte de l’élément autochtone géto-dace, attestée par des sources antiques aussi bien qu’archéologiques.
Sans doute l’adoption de ces cultes provinciaux syncrétiques a efficacement contribué à la romanisation de la population géto-dace, surtout dans les endroits où les unités militaires et administratives romaines ont effectivement siégé, comme c’est le cas du castrum romain de Tirighina-Bărboşi, au sud de la Moldavie.